dimanche 21 novembre 2010

Conseils à un jeune acteur culturel occitan

  Il y a une seule manière de parler correctement occitan, c’est la manière cul-bénit. Malraux nous avait vaguement prévenus que le XXIe siècle serait religieux, les occitanistes en ont fait leur credo.
  Parler occitan en public revient donc à dire ses prières à voix haute. Il y a de nombreuses prières. Il y en a tout un bréviaire. Il faut les connaître sur le bout des doigts. L’astuce consiste à les réciter dans le désordre pour avoir l’air d’improviser.
  Les digressions sont risquées. On se retrouve à court de vocabulaire, aux prises avec des conjugaisons douteuses, des subjonctifs scabreux, des auxiliaires embarrassants, des concordances des temps suspectes, des accords du participe passé inextricables. Un acteur culturel occitan digne de ce nom doit savoir éviter les pièges du hors sujet et se cantonner paisiblement dans ses prières.
  Les seules variations sans danger sont à rechercher du côté de l’intonation. Ainsi, il est loisible d’adopter un ton courroucé, farfelu, badin, conquérant, selon le tempérament de chacun, mais ce sont toujours les mêmes prières. Voici leurs titres (dans leur traduction française) : la prière pour faire vivre la langue occitane ; la prière pour transmettre la langue occitane ; la prière pour prôner une graphie unique permettant l’intercommunication entre les différents dialectes de la langue occitane ; la prière pour exalter les panneaux rédigés dans cette même graphie occitane ; la prière pour louanger les écoles confessionnelles occitanes ; la prière pour glorifier les processions et cérémonies ecclésiastiques occitanes… sans oublier la prière qu’on peut lire entre les lignes sur Internet, réclamant l’internement d’urgence de Marilis Orionaa en hôpital psychiatrique, avec camisole de force, électrochocs et barbituriques, car il faut vraiment qu’elle soit folle pour tenir tête avec une langue de vipère à des occitanistes qui manient si bien la langue de bois.
  Et on termine comme il se doit par un signe de la croix occitane : au nom de l’InÒc, du CAP’ÒC et du CFPÒC (là aussi on a l’embarras du choix), amen.

Marilis Orionaa